lundi 5 novembre 2012

Les restructurations sont-elles bénéfiques pour les entreprises ?



Depuis le milieu des années 1980, de très nombreuses études ont été publiées sur le thème du « downsizing », les restructurations qui donnent également lieu à des suppressions d’emplois. Que nous apprennent-elles sur ce phénomène ?

Qui restructure et pourquoi ?
Dans leur méta-analyse, José Allouche, Patrice Laroche et Florent Noël ont synthétisé les résultats de 52 études menées sur le thème des restructurations aussi bien aux Etats-Unis qu’en France. Sans surprise, leurs résultats montrent que les entreprises qui restructurent sont avant tout des entreprises qui font face à des difficultés financières. Lorsqu’une entreprise traverse une mauvaise passe, l’un de ses premiers réflexes est de chercher à réduire ses coûts.

A première vue, les suppressions d’emplois semblent donc tout à fait indiquées pour cela. La logique est imparable : si une entreprise veut améliorer sa rentabilité de 100 millions d’Euros, il lui suffit de réduire sa masse salariale du même montant. En envoyant un signal de bonne gestion aux marchés, une entreprise qui restructure devrait même faire progresser son cours de bourse. Malheureusement, les résultats des différentes études sont loin de confirmer ces idées reçues ...

Restructurations et cours de bourse
Tout d’abord, les plans sociaux ne s’accompagnent pas systématiquement d’une hausse du cours de bourse. Au contraire, la plupart des études montrent que l’annonce d’une restructuration a un impact négatif sur le cours de bourse … Les marchés ne semblent pas croire aux vertus des restructurations. Lorsqu’une entreprise est en mauvaise santé, les marchés interprètent l’annonce d’une restructuration comme la confirmation de ses difficultés. Seules les entreprises en bonne santé ne sont pas systématiquement sanctionnées. Dans ce cas, les marchés ont plutôt tendance à interpréter les restructurations comme une démarche proactive visant à améliorer une performance déjà satisfaisante.

Restructurations et performance
Qu’en est-il de l’influence des restructurations sur la performance économique et financière des entreprises qui les mettent en œuvre ? La plupart des études montrent que les restructurations ont un effet négatif sur la performance à court terme. Ces résultats remettent en cause l’une des idées reçues les plus tenaces sur les restructurations : la possibilité d’améliorer rapidement la performance en diminuant la masse salariale. En fait, les restructurations induisent de nombreux coûts « cachés » (démotivation des « survivants », destruction des réseaux informels à l’intérieur de l’entreprise, diminution de la capacité d’innovation …). Dans la plupart des cas, ces coûts annihilent purement et simplement les économies générées par les suppressions d’emplois.

A plus long terme, les résultats sont plus nuancés. En fait, tout dépend du type de restructuration. Les réductions d’effectifs pures et simples ne permettent quasiment jamais d’améliorer la performance. En revanche, les restructurations qui se font dans une logique « industrielle » peuvent être bénéfiques pour les entreprises. Plusieurs études montrent que les opérations de restructuration induisant une réorganisation de l’entreprise, un recentrage sur le cœur de métier ou réduction du « slack » organisationnel permettent d’améliorer la performance à un horizon de deux ou trois ans minimum. Ce décalage s’explique par le fait que les coûts « cachés » évoqués plus haut doivent d’abord être absorbés.

En bref, les restructurations ne permettent que rarement de régler des problèmes à court terme. Elles peuvent être bénéfiques mais uniquement à moyen ou long terme et si elles sont menées dans une logique à la fois stratégique et « industrielle ».

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire