vendredi 30 décembre 2016

Ce qu'on ne voit pas est plus important que ce qu'on voit ...




Pour les militaires comme pour les managers, ce qu'on ne voit pas est souvent plus important que ce qu'on voit ...

Pendant la seconde guerre mondiale, les bombardiers américains subissaient des pertes très importantes. La probabilité qu’ils reviennent d’une mission sains et saufs ne dépassait pas 50%. Les militaires américains aboutirent rapidement à la conclusion qu’il fallait renforcer leur carlingue. Idéalement, il aurait fallu la renforcer en totalité ... mais les avions auraient été trop lourds et difficiles à manœuvrer. Les militaires américains décidèrent donc de la renforcer aux endroits où ils avaient observé que les avions étaient le plus fréquemment touchés.

A première vue, les militaires américains semblent avoir pris la bonne décision. Malheureusement, ce n’est pas le cas … Ils ont fait l’inverse de ce qu’il aurait fallu faire … En effet, ils observaient les impacts sur les avions qui revenaient à bon port. Les endroits où ces avions étaient touchés n’étaient donc pas vulnérables … Pourquoi les renforcer ? Les militaires américains auraient plutôt dû renforcer les endroits où les avions qu’ils observaient (ceux qui revenaient à bon port …) n’étaient jamais touchés !

Les militaires américains ont été victimes du « biais d’échantillonnage ». Ils ont raisonné à partir de ce qu’ils voyaient (les avions qui revenaient à bon port …) alors que ce qu’ils ne voyaient pas (les avions qui s’écrasaient …) était tout aussi important. Cette erreur est très fréquente dans le monde des affaires.

Par exemple, les entreprises demandent souvent à leurs clients ce qu’elles devraient faire pour qu’ils soient encore plus satisfaits. C’est intéressant … mais elles en apprendraient plus sur leurs forces et leurs faiblesses en interrogeant des gens qui ne sont plus (ou qui n’ont jamais été) leurs clients. Après tout, les gens qui sont toujours leurs clients sont suffisamment satisfaits pour le rester … Pourquoi faire des efforts pour s’améliorer sur des critères qui ne sont pas discriminants … quand on pourrait identifier ceux qui le sont réellement ?

En bref, attention à ne pas être obnubilé par ce qu’on voit. Ce qu’on ne voit pas est souvent tout aussi (voire plus) important.

Source : Denrell, J. (2005), “Selection bias and the perils of benchmarking”, Harvard Business Review, April, 114-119.

lundi 19 décembre 2016

Quelle est la meilleure manière de se perfectionner ?




Pour se perfectionner dans une activité, il vaut mieux en pratiquer une autre !

Il y trois façons de se perfectionner dans une activité :
  • la première approche (et la plus courante …) consiste à se consacrer exclusivement à la pratique de cette activité ;
  • la deuxième approche consiste à alterner la pratique de cette activité et la pratique d’une activité relativement similaire ;
  • la troisième approche consiste à alterner la pratique de cette activité et la pratique d’une activité totalement différente.
Quelle est l’approche la plus efficace ? Pour le savoir, Melissa Schilling, Patricia Vidal, Robert Ployhart et Alexandre Marangoni se sont intéressés au meilleur moyen de se perfectionner au jeu de « go ». Ils ont réparti 90 étudiants en 30 groupes de trois. Ils leur ont alors donné les consignes suivantes :
  • le premier groupe devait jouer exclusivement au « go » ;
  • le second groupe devait alterner la pratique du « go » avec celle du « cribbage » (un jeu de cartes qui n’a rien à voir avec le « go ») ;
  • le troisième groupe devait alterner la pratique du « go » avec celle du « reversi » (un jeu assez proche du « go »).
Dix heures plus tard, ils ont constaté que les équipes qui avaient alterné la pratique du « go » et celle du « cribbage » avaient autant progressé au « go » que celles qui s’y consacraient exclusivement, Surtout, les équipes qui avaient alterné la pratique du « go » et celle du « reversi » maitrisaient beaucoup mieux le « go » que les autres. L’explication : une partie de ce qu’ils avaient appris en jouant en « reversi » semble leur avoir permis de s’améliorer au « go ».

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le meilleur moyen de se perfectionner dans une activité n’est donc pas de s’y consacrer exclusivement. Il vaut mieux alterner la pratique de cette activité et celle d’une autre activité. Mais attention : les deux activités doivent avoir des points communs !

Schilling, M. A., Vidal, P., Ployhart, R. E., & Marangoni, A. (2003), “Learning by doing something else: Variation, relatedness, and the learning curve”, Management Science, 49, 39-56.